L’accord mets-vin de l’espace

Publié le : 14 août 20203 mins de lecture

Du homard avec un vin rouge du Languedoc ? Improbable. Spatial. Prométheusien. A la manière d’une pseudo-Ripley qui accouche d’un poulpe (sauf que là, c’est un homard). Un accord délirant, a priori, entre le Clos du Curé 2008 du Domaine Lisson, à base de pinot noir, et un petit homard canadien. Et ça donne quoi ? Hourra ou tourista ?

Les accords mets-vins c’est comme les sandwichs

Le sujet, imposé, c’est les accords mets-vins. Mais les accords mets-vins m’ennuient. Un bon vin, un beau vin, se fiche bien d’être accompagné ; il se suffit à lui-même. Un bon plat, un beau plat, se fiche également d’être  »sublimé ». Bien davantage, la pureté d’une sensation telle qu’en elle-même m’attire. En fait, les accords mets-vins c’est comme les sandwichs : ça peut être très bon, mais on perd en précision.

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé : au  »Jaja » d’abord (sur l’impulsion bienvenue de Cyril) où la raviole de gambas et sa bisque de homard breton, ou encore le poulet jaune aux morilles et son fenouil, le tout largement arrosé des jolis jus de Ganevat, ont joliment joué au chat et à la souris.

A  »L’Hédoniste » ensuite (sur l’invitation d’Eva cette fois) où les assiettes toujours créatives et les remarquables vins d’un Frick, notamment, ont impeccablement fait glisser le moment.

Mais les accords, la fusion liquide-solide ? Bof, bâillant. Alors, tant qu’à marier les éléments – puisque c’est l’exercice imposé par Patrick dans le cadre de ces Vendredis du Vin – osons le grand n’importe quoi. A la manière des accords à la con de Guillaume ou encore de l’ignoble dégustation d’insectes.

 

Prométheus dans l’assiette

Homard (pas du breton, du canadien, hein) et vin rouge du Languedoc, donc. Pour être précis, il s’agit d’un vin du Domaine Lisson : le Clos du Curé 2008, une cuvée de pinot noir bien défroquée. N’importe quoi, délire et gâchis généralisé ?

Eh bien, non. La chair ferme et dense du homard soutient très bien la finesse musclée, les parfums énergiques du (très bon) vin d’Iris Rutz-Rudel, et inversement ; l’accord ne fait peut-être pas gémir la bouche, mais il tient franchement bien la route. Un bon moment.

Quant à  »Prométheus », le navet spatial de Ridley Scott, ce piteux prequel d’Alien dont on s’est servi pour illustrer notre supercherie, on en détricotera les vilains fils grossiers ici.

 

Antonin Iommi-Amunategui

©Vindicateur, 06/2012

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