Le PDG et le Vigneron
50 des 500 Français les plus riches sont liés au monde du vin. A côté de ceux-là, vous avez une armada de vignerons plus modestes, à 1000 ou 2000 € par mois.
En effet, selon le magazine Challenges, mais on s’en serait douté, les premiers grands crus font les hommes (très) riches. Les Bernard Arnault (Cheval Blanc, Yquem...) et autres Francois Pinault (Latour) sont même dans le top 10 des plus grandes fortunes de France. Ces hommes d’affaires brassent des milliards et détiennent les plus célèbres châteaux du vignoble français. Sous cette belle crème, une montagne de vignerons plus ou moins fortunés, plus ou moins red neck, paysans et gentilshommes, bourrus ou sympathiques, jeunes et vieux, sont l’âme du vin.
« J'aurais voulu dire le poids d'humanité que pèse un vin bien fait »
Ce sont les mots de Sébastien Lapaque, auteur et critique gastronomique, et c’est une bonne formule pour exprimer le lien qui mêle l’homme (ou la femme) au vin. Le vin est un humanisme avant d’être un business. Encore : le vin est une poésie écrite dans la terre. Ou : le vigneron est un poète crotté qui a pour muses la terre et le ciel. En somme : le vin n’est pas une simple agriculture, ni un simple business. Il est un lieu où se rencontrent le travail brut, manuel et terrien, et la création abstraite, poétique. Un génie humain, dans tous les sens du terme. Il n’y a rien d’équivalent, et il est donc juste de défendre cette imagerie seulement a priori excessive. Ainsi, les PDG sont bienheureux mais leurs grands, leurs immenses vins n’ont une âme que grâce aux vignerons poètes (qui galèrent parfois pour les factures).
Pourquoi se reflète-t-on dans la bouteille
Parce que le vin est un miroir. Miroir des terroirs, du ciel, miroir des hommes et femmes qui le font – lesquels sont eux-mêmes représentatifs de l’ensemble de la société, de la plus élémentaire noblesse jusqu’aux pires travers humains. D’où qu’il faut, sans cesse, défendre le bon vin (qui n’est pas toujours le plus cher) et les bienfaisants derrière lui.
Antonin Iommi-Amunategui
© Vindicateur, 09/2009