Quel verre pour prendre son pied ?
Ah, la question du verre. Sempiternelle... Soporifique ? Attendez, la forme du verre dans lequel on déguste le vin, c’est aussi important que les vêtements qu’on choisit pour un premier rendez-vous. Le petit ballon, ce sera le tee-shirt, un peu passé, au col lâche. Le grand verre bien tulipé, modèle Alto Coco Maestro, une longue veste de couturier, blindée sous les aisselles... Déconnez pas avec votre verre !
Une tulipe pour la lippe ?
Cueillez la tulipe, c'est-à-dire le verre en forme de fleur entrebâillée. C'est simple, le haut du verre se ressert, les arômes sont bien emprisonnés, concentrés. Rabattus comme par une meute, vers votre nez. Et le nez, c'est terriblement important pour bien déguster. Ne sous-estimez pas la force de vos fosses nasales…
Non mais, attendez une seconde, vous pensiez vraiment avoir tout un pataquès sur les verres qui vont bien, ici, sur Vindicateur ? Oh, c'est pas hier le lendemain !
Verres à pied... et contre-pied !
Croyant découvrir le verre fabuleux, vous voici pris au piège d'un billet bancal. Verre à pied-bot. Son sujet, en réalité, est le suivant : les marronniers du vin, ces éternels sujets, revenant inlassablement, qu'ils traitent des meilleurs verres, des tire-bouchons, des meilleures conditions de dégustation, des accords mets-vin, ne nuisent-ils pas au vin, finalement, en tant qu'objet d'abord culturel ?
Ne faudrait-il pas parler du vin de façon systématiquement décalée, inédite, originale, amusante, provocante, délirante ou délurée ? A quoi bon ressasser les mêmes thèmes : quel verre pour le vin ? 6 500 000 résultats sur Google. Meilleur tire-bouchon ? 189 000. Accords mets vins ? 387 000. N'en jetez plus, la coupe Riedel est pleine !
La vérité, c'est qu'à force de marronniers, on a fait croire à tout le monde que le vin était quelque chose d’ennuyeux. Alors que ce sont ses commentateurs qui sont ennuyeux… Avant de changer de verres, changez de commentateurs.
Antonin Iommi-Amunategui
Crédit photo : Aline
©Vindicateur, 05/2011