Une taxe Lady Gaga sur les crus classés
Des domaines viticoles, agricoles, se cassent la figure, ce n'est pas nouveau. Récemment, Olivier B (Rhône) et le Clos Romain (Languedoc) ont été sur le devant de cette scène bancale. Le premier recevant un soutien bienvenu, le second pour annoncer une décision sur laquelle il n'était déjà plus question de revenir… Au-delà, comment faire pour enrayer un système si prompt à casser les petits ? Proposition saugrenue n°1 : faire du vin comme Lady Gaga. Proposition saugrenue n°2 : une taxe spéciale sur les crus classés.
Faire du vin comme Lady Gaga
Lady Gaga is a vigneronne ! En anglais, comme le titre d'un blockbuster américain, car c'est bien de cela qu'il s'agit : le succès. Quand on est un petit domaine, pour faire du vin et en vivre bien, il faut être Lady Gaga. Entendez, avoir un certain talent, savoir communiquer, intéresser un public aussi large que possible.
Faire bien, faire bon, n'est plus assez. Il faut désormais avoir un impact sur toutes les séquences de la vie du vin, de la vigne jusqu'au verre qui se vide parfois à l'autre bout du monde. Un truc de fou, complètement gaga.
Mais tous les vignerons ne peuvent pas être des Lady Gaga. Cela demande une sacrée prédisposition : porter une robe de viande (de sanglier ?) n'est pas à la portée de tout le monde. Du coup, il faut trouver d'autres solutions pour aider celles et ceux qui font bon, mais n'ont pas les moyens de le faire savoir. Parce que faire bon, ce n'est quand même pas rien.
Taxer les crus classés pour aider les crus cassés ?
Voici une solution presque aussi saugrenue que Lady Gaga : taxer les domaines qui bénéficient de classements bicentenaires, leur permettant de vendre leurs vins en moyenne 30% plus cher. Ces classements étant d’ailleurs relatifs et, bien entendu, guère exhaustifs de la totalité des terroirs qualitatifs. Ce sont des classements au moins autant culturels, voire économiques, que géologiques.
Et leur situation avantageuse de fait, pourrait donc se traduire par une forme de soutien spécifique à la filière (dès lors moins froide) sous la forme d'une taxe. Le fruit de cette taxe alimenterait un fonds de soutien, propre à aider les petits domaines qualitatifs qui, trop souvent, battent de l'aile, tombent en flammes.
Alors, messieurs-dames les classés, 1€ par bouteille par an, ça vous ferait mal aux dents ? Le nom de cet impôt volontaire est même tout trouvé : la taxe Lady Gaga… N'hésitez pas à faire suivre aux intéressés.
Antonin Iommi-Amunategui
©Vindicateur, 01/2011